À quoi ressemble le quotidien d’un Délégué Régional ?
Mylène MOREL : Nous n’avons pas de journée « type », chaque journée est différente et c’est ce qui en fait son charme, ce qui est intéressant à vivre !
[caption id="attachment_9429" align="alignleft" width="265"] Titulaire d’un BTS Domotique, Mylène MOREL commence sa carrière en 1992 en tant qu’enseignante en collège, Section Technologie. Entre 1996 et 2008, son CV s’enrichit de nombreux postes dans le monde de l’entreprise privée (assistante technique, assistante technico-commerciale, assistante qualité, responsable achats, responsable entrepôt, assistante de Direction) avant de devenir, en 2008, Directrice Régionale chez Veolia - Comptage d’eau et individualisation des frais de chauffage. En 2014, QUALIBAT lui confie la Délégation Nord-Est, avec plus de 7 500 entreprises qualifiées réparties sur 9 départements.[/caption]
Dans mon quotidien j’ai une attention de chaque instant et toute particulière sur le bien être de mes équipes bien sûr ! Mais également une vigilance accrue sur la satisfaction de nos clients. Une journée qui commence bien et une journée qui se termine bien !
Nous avons néanmoins une multitude de tâches très variées à exécuter :
En tout premier lieu, il s’agit pour moi de planifier, de suivre et de corriger éventuellement les différents indicateurs d’exploitation de ma délégation : mises en révision, organisation et suivi des réunions de commissions, gestion des membres de commissions, traitement des questionnaires annuels et édition des certificats, facturation, gestion des recours…
Et il faut pour cela assurer un relationnel, une cohésion d’équipes aux travers de « bons » recrutements, d’une progression de chaque collaborateur, être à l’écoute, répondre aux interrogations, aux attentes, gérer les imprévus ou les situations d’urgence. Tout en restant en lien étroit avec ma Direction au Siège. Je sers en quelque sorte de lien entre le niveau décisionnel et le niveau opérationnel.
Le Délégué Régional est une "goutte d’huile" dans un mécanisme complexe qui comprend notre organisme, les Pouvoirs Publics et l’ensemble des acteurs du Bâtiment.
Ensuite, je vais au contact plus politique et institutionnel avec les grands décideurs et acteurs du monde de la Construction à l’échelon départemental ou régional pour promouvoir le système de qualification et « recruter » des représentants à associer à nos instances.
Quelles sont les qualités indispensables pour exercer ce métier ?
[caption id="attachment_9441" align="alignleft" width="270"] Ingénieur Systèmes Électriques, diplômé de l'ESIEE d'Amiens, Arnaud DEBOVE a commencé sa carrière en 2000, à la Fédération nationale des électriciens et électroniciens (FEDELEC) comme Conseiller en Développement Technologique. En 2002, il rejoint l'organisme de certification QUALIFELEC, dont il sera Secrétaire Général jusqu'en 2010, date à laquelle il devient Responsable du Développement de la CGPME Ile-de-France. Il rejoint QUALIBAT en novembre 2013 en tant que Délégué Régional Ile-de-France. L'organisme lui confie la Délégation Normandie en juin 2014. Son portefeuille représente aujourd'hui plus de 12 000 entreprises qualifiées réparties sur 13 départements.[/caption]Arnaud DEBOVE : Avec l’arrivée du RGE, qui a amené de nombreuses petites structures à tenter de se qualifier, les principales qualités sont la rigueur, la pédagogie et la compassion.
La rigueur pour maintenir le niveau de qualité de nos qualifications dans un contexte tendu de forte charge, la pédagogie pour expliquer, faire comprendre et accepter notre dispositif et nos dispositions, et de la compassion, pour toujours garder à l’esprit que notre organisme n’est pas un « rouleau-compresseur » aveugle et que nous devons à chaque instant considérer les entreprises demandeuses en fonction de leur situation et de leur organisation propres.
Comment s’organise-t-on pour piloter une équipe à distance ?
Mylène MOREL : Les moyens sont multiples : physiquement d’abord, car rien ne vaut l’échange sur le terrain, nous organisons des réunions d’information et de débriefing avec les collaborateurs par agence mais aussi inter-agences (réunions de Délégation).
Téléphoniquement, car cela permet de traiter les questions qui se posent dans l’immédiateté avec la réactivité nécessaire.
Et par tous moyens électroniques comme les courriels ou les SMS. Le contact est permanent et quasi immédiat selon mes disponibilités de rendez vous. Cette « proximité » est primordiale ! Je peux compter sur mes collaborateurs et ils peuvent compter sur moi à toutes heures ! Ce qui fait la force de notre équipe. Je cultive également avec mes eux et nos clients la culture de l’écrit.
Enfin, bien que ce ne soit pas le cas de ma Délégation, il faut savoir que certains Délégués ayant des territoires géographiquement plus étendus à couvrir se reposent aussi sur leur Adjoint et/ou sur un Animateur régional qui ont pour mission de les seconder pour l’un, et de piloter les réunions de commissions, pour l’autre.
Bref, nous ne sommes pas dépourvus de solutions pour rester en contact !
Quels sont vos contacts/relations avec les différents acteurs de la construction : maîtres d’ouvrage, maîtres d’œuvre, institutionnels… ?
Arnaud DEBOVE : Le cœur de la qualification ce sont les commissions d’examen, composées de bénévoles représentatifs de l’acte de construire. Il est donc nécessaire d’entretenir des relations partenariales fortes et de confiance avec notre environnement professionnel pour préserver la composition de nos commissions d’examen sans lesquelles rien n’est possible.
Avec les maîtres d’ouvrage et les maîtres d’œuvre, nous sommes également proches pour les inciter à mieux et plus utiliser les certificats de qualification dans leurs appels d’offres ou leurs prescriptions.
Nous attachons également beaucoup d’importance à entretenir des relations de confiance et de proximité avec les représentants de l’État et des collectivités territoriales, en tant que représentants de l’intérêt général. Quelle meilleure promotion de nos services qu’une exigence réglementaire de qualification lorsqu’il s’agit de capter des subventions publiques ?
Quelles actions de communication ou de promotion de la qualification mettez-vous en œuvre localement ?
Mylène MOREL : Vis-à-vis des entreprises et artisans, nous menons deux types d’actions : nous participons à des salons professionnels ou des journées portes ouvertes, et j’organise des réunions d’information auprès des organisations professionnelles ou des ½ journées de formation/information au sein d’organismes de formation. Tout cela pour promouvoir la qualité et la montée en compétence.
J’organise aussi des permanences dans nos agences ou dans les locaux des organisations professionnelles pour renseigner et répondre à leurs questions.
Vis-à-vis de la maîtrise d’ouvrage et de la maîtrise d’œuvre, nous les réunissons soit au sein d’une instance appelée « section » qui vise à les associer au mieux aux actions et au développement de QUALIBAT, à les informer et à créer un réseau de professionnels soutenant l’association.
Soit nous allons au contact direct pour les sensibiliser, mettre en place d’éventuels partenariats et favoriser la prescription de QUALIBAT au plan régional ou encore contribuer à la valorisation de son image et au renforcement de sa notoriété.
Quelles seraient, selon vous, les opportunités à saisir pour QUALIBAT ou les axes de travail prioritaires pour l’avenir ?
Arnaud DEBOVE : La qualification, si on la résume en un mot, c’est la confiance. La confiance dans l’entreprise qualifiée avec laquelle le maître d’ouvrage va contractualiser se décline en 3 points.
Le premier, c’est la technicité. C’est la base historique de notre qualification.
Ensuite, c’est la confiance quant à la capacité de l’entreprise à respecter l’ensemble de ses obligations sociales, fiscales, financières. Quoi de pire qu’une entreprise qui disparaît en cours de chantier, liquidée à la suite d’un problème fiscal ou avec l’URSSAF ?
Le dernier pilier, c’est le respect des délais. La classification, qui apporte des informations sur le potentiel d’exécution de l’entreprise, est une bonne information.
Mais en terme de prospective, je pense que QUALIBAT devrait s’interroger sur l’opportunité de traiter plus efficacement les problèmes des accidents de travail. Si aujourd’hui QUALIBAT refuse déjà de qualifier des entreprises qui donnent des références de chantier montrant un non-respect de la sécurité des travailleurs, il serait sans doute intéressant d’aller plus loin, et d’exiger par exemple les plans de prévention des risques professionnels dans le cadre de son référentiel général. En effet, un accident sur un chantier, c’est du retard, c’est du stress, et c’est donc la qualité et le délai qui sont remis en cause.
Autres opportunités qui ne sont pas « tarte à la crème » : Le développement et la promotion des éco-matériaux et la reconnaissance des entreprises qui se sont engagées dans le BIM.