Si le ravalement de façade peut sembler techniquement anodin, il s’avère en fait complexe car il ne se limite pas à de simples considérations esthétiques. Traitement anti-humidité, réparation de fissures, isolation thermique, de nombreuses variables entrent en jeu.
Le ravalement de façade nécessite une bonne connaissance des matériaux qui constituent vos murs, un bon diagnostic pour ses pathologies, une bonne connaissance des techniques et des produits… Alors, pour éviter les déconvenues, le recours aux services d’un professionnel s’impose !
Sommaire
Le cadre réglementaire
De bonnes raisons de ravaler une façade
Les conséquences des défauts d’étanchéité
Opter pour des traitements adaptés
Des prérequis météorologiques indispensables
Identifier les points de faiblesses et vulnérabilités
Traiter les fissures
Procéder à l’imperméabilisation
Identifier les types d’hydrofuges
Assurer l’étanchéité
Des autorisations pour échafauder
Le cadre réglementaire
L’article L.132-1 à L.132-5 du Code de la Construction et de l’Habitat (CCH), prévoit que le ravalement de façade d’un bâtiment doit être réalisé au moins une fois tous les dix ans. L’autorité municipale peut, sur injonction faite au propriétaire, imposer un ravalement de façade.
Un arrêté municipal précise alors le périmètre de la commune concerné par les travaux, la nature des travaux envisagés, le délai dans lequel les propriétaires sont tenus d’effectuer les travaux ainsi que les obligations légales et réglementaires auxquelles les propriétaires sont soumis.
Dans tous les cas de figure, la charge administrative et financière du ravalement de façade revient au propriétaire et au copropriétaire de logement.
Dans le cas d’une copropriété, la loi n°65-557 du 10 juillet et le décret d’application 67-223 du 17 mars 1967 prévoient la détermination des parties communes aux copropriétaires et les parties privatives. Le syndic a obligation de déterminer les parties privatives et les parties communes afin de faire établir les devis selon les parties privatives de chaque copropriétaire. Les dépenses du ravalement sont réparties entre les différents copropriétaires en ce qui concerne les parties communes du bâtiment.
De bonnes raisons de ravaler une façade
Les seules considérations esthétiques ne suffisent pas, en elles-mêmes pour engager les travaux nécessaires au ravalement de façade. Cette opération souvent onéreuse, est le plus souvent associée à des problèmes qui affectent l’immeuble. Des problèmes qui touchent autant l’habitat collectif qu’individuel.
Les remontées capillaires sont les manifestations les plus courantes de la nécessité d’un ravalement. Elles exigent un traitement sérieux et méthodique car les détériorations seront rapides et importantes si le problème n’est pas corrigé et un simple coup de rouleau sur la façade, ne résoudra rien. Les principales sources de remontées par capillarité sont variées : pied de mur baignant dans la nappe phréatique, canalisation fuyarde dans le sol, regard de descente des eaux pluviales bouché, absence de drainage...
Au-delà des remontées capillaires les problèmes d’étanchéité peuvent de manifester de différentes façons. Comme tout problème d’étanchéité, les manifestations sont, en règle générale, visibles lorsqu’il est déjà trop tard.
Il faut donc pour limiter les dommages, scruter régulièrement l’habitation en quête des indices suivants :
- Présence de fissures ou imperfections dans la façade
- Infiltrations d’eau à l’intérieur de la maison, caractérisés notamment par des champignons ou des tâches d’humidité sur le mur intérieur
- Cloques sous la peinture de façade, ou en intérieur
- Tâches d’humidité au niveau des soubassements
Si vous détectez un ou plusieurs de ces symptômes, ne tardez pas à faire appel à un professionnel afin qu’il puisse dresser un état général de la situation et vous suggérer les interventions à mener.
Les conséquences des défauts d’étanchéité
Lorsque l’imperméabilité de la façade est compromise, les conséquences peuvent prendre du temps avant d’être perceptibles. Mais l’humidité finit toujours par avoir un impact, d’abord sur les parties bâties, puis sur les conditions de vie des occupants de l’immeuble.
On recense ainsi prioritairement :
- Des infiltrations d’eau
- Des ponts thermiques finissant par avoir non seulement un impact sur la facture énergétique mais sur la durée de vie des ouvrants notamment
- Des problèmes d’humidité pouvant causer des troubles plus ou moins sévères sur des personnes à la santé fragile (personnes âgées, nouveau-nés)
Opter pour des traitements adaptés
Chaque traitement répond à une pathologie qu’il est donc nécessaire d’identifier avant d’agir. Moisissures ou champignons (qui créent des taches disgracieuses), peinture ou enduit qui se décolle, fissures plus ou moins larges, plus ou moins profondes qui créent de grandes lézardes, ou, plus grave, humidité résiduelle qui finit par traverser le mur, chaque pathologie a son soin.
Il est également important de connaître la nature de votre façade : pierre, enduit, bois, etc. En effet, en fonction des surfaces à traiter, les techniques utilisées (et les frais qui s’y rattachent) sont très différentes.
Une fois le problème identifié, vous pourrez décider d’effectuer un simple entretien ou nettoyage, de réaliser une réparation de surface (en comblant des fissures) ou, au contraire, d'envisager une intervention de plus grande envergure de réfection, d’imperméabilisation, etc.
Un nettoyage suivi de l’application d’un anti-mousse aux effets curatifs et préventifs peut suffire dans les cas les moins sévères. En revanche, des cloquages et décollements nécessitent une intervention plus importante : il faut retirer la matière décollée et vérifier que le support n’est pas défectueux, puis poncer et renouveler le revêtement.
Concernant les nettoyages, il importe d’employer les bonnes méthodes et les bons produits. Le sablage à très haute pression détruit la couche protectrice de la pierre ; certains produits conviennent mieux à certains supports (béton, bois, crépi). Renseignez-vous toujours auprès d’un professionnel.
Des prérequis météorologiques indispensables
Lors de la réalisation des travaux, notamment l’application d’enduits (grattés ou lissés), une façade fortement exposée au soleil va avoir un impact sur les temps de séchage. En cas de trop fortes chaleur ou de gel, il n’est pas possible de traiter efficacement une façade.
Identifier les points de faiblesses et vulnérabilités
L’immeuble comporte un certain nombre d’éléments relativement fragiles qu’il conviendra de préserver (ou sur lesquels il faudra du moins veiller) avant et durant la phase de ravalement. Ainsi, il faudra par exemple protéger l'égout de la toiture, et reconstituer les appuis et les entablements dès lors que l'on ajoute une surépaisseur.
En cas d’application d’un enduit ou d’une isolation extérieure, le débord de toiture peut devenir insuffisant. Il faudra alors agir en conséquence. Veillez par ailleurs tout particulièrement aux soubassements. En fonction des matériaux utilisés, il faudra souvent appliquer des enduits étanches.
Toute intervention sur système d'isolation par l'extérieur doit être précédée d'un diagnostic réalisé par un spécialiste. Lorsque vous consultez un professionnel, ce dernier se chargera de détecter sur l’immeuble, d’éventuels défauts. Son inspection débutera toujours par la détection de fissures ou de micro-fissures : des lézardes même mineures, sont susceptibles de laisser les eaux de pluie s’infiltrer directement par les trous.
Il passera ensuite en revue l’ensemble des joints de façade. Un joint dégradé ou détérioré est une cause éminente d’infiltrations d’eau locales. Des défauts d’étanchéité dans la toiture, les gouttières ou les chéneaux peuvent avoir des conséquences non négligeables sur l’étanchéité d’une façade, même si celle-ci ne présente aucun défaut notable. Il faut tout mettre en œuvre pour s’assurer que les eaux de ruissellement n’aboutissent pas sur la façade.
Enfin, le professionnel se chargera d’inspecter les matériaux de façade ainsi que les jonctions avec les ouvrants, notamment si ceux-ci sont en bois et susceptibles d’afficher d’importants coefficients de dilatation.
Traiter les fissures
Deux types de fissures peuvent abimer votre façade.
Les fissures « mortes » ou inertes, souvent verticales, rappellent des événements passés (un affaissement de terrain, par exemple) ; il faut alors bien les reboucher et reconstituer la continuité du revêtement de façade.
Les fissures « vivantes » ou actives sont dues à deux matériaux disposés côte à côte mais dont la dilatation est différente. Il ne suffit pas de les boucher, il faut les protéger pour que l’eau ne pénètre pas.
Procéder à l’imperméabilisation
Si des fissures sont détectées, il conviendra d’appliquer un traitement adapté. On distingue plusieurs types de fissures que l’on classe en fonction de leur largeur et les traitements à prévoir dépendent de leurs particularités.
Quand la façade n’est pas imperméable naturellement du fait de son matériau ou parce qu’elle est fissurée, il est indispensable de la protéger contre les actions de la pluie et surtout des infiltrations. Cette protection, qui doit être surveillée et régulièrement renouvelée, est d’apparence simple, mais en réalité très technique, et exige une parfaite réalisation car l’eau sait profiter de toutes les faiblesses des murs pour passer.
Il existe différents procédés dont les performances sont plus ou moins élevées. Dans tous les cas, ils exigent un traitement général de l’ouvrage ou de sa partie concernée. Pour la maison, cela signifie forcément un chantier avec échafaudage (un poste coûteux), c’est pourquoi il est utile de bien réfléchir à la solution retenue afin de ne pas avoir à renouveler l’opération trop souvent. C’est aussi la raison pour laquelle, si vous envisagez de faire intervenir une entreprise pour une reprise d’étanchéité de la façade, vous pouvez profiter de cette occasion pour envisager, si nécessaire, un renforcement de votre isolation thermique.
En fonction de l’état du support, vous aurez à choisir entre des traitements plus ou moins lourds.
Une simple imperméabilisation consiste en la fermeture des fissures inertes (ou mortes) et la pose d’un produit de protection avec ou sans entoilement préalable de ses fissures. De la couche de peinture à la pose d’un produit plus lourd et hydrofuge, l’imperméabilisation permet de supporter tous les types d’enduits.
Les façades qui ne sont pas étanches devront être protégées de manière spécifique. Plusieurs solutions techniques sont alors envisageables :
- L’application d’un produit hydrofuge (pour le bois ou le béton)
- L’application d’une peinture minérale microporeuse (sur du plâtre)
- La pose d’un revêtement étanche (Bardage ardoise, clin, entoilement)
Identifier les types d’hydrofuges
Il existe deux types d'hydrofuge pour façade : l'hydrofuge solvant et l'hydrofuge acrylique. Chacun d’eux offre une qualité d'imperméabilisation comparable.
Avant de procéder à l’application il convient de choisir l’hydrofuge adapté, les différences les opposant étant principalement écologiques :
- L’hydrofuge solvant est redoutablement efficace mais d’un point de vue sanitaire, il s’avère très polluant et exige de grandes précautions lors de son application.
- L'hydrofuge acrylique n’a aucune incidence sur la santé et 'environnement, et peut être passé sur surface sèche ou humide. Impliquant des temps de séchage beaucoup plus long, les travaux sont alors plus compliqués.
Assurer l’étanchéité
A l’inverse, une étanchéïfication consiste à mettre en place une véritable barrière souple.
Après un traitement des fissures encore vives (dans le matériau lui-même ou à la jointure de deux matériaux), préalablement nettoyées et rebouchées, le professionnel colle, avec des dépassements suffisants, une toile souple et d’une très grande résistance, capable de supporter les mouvements ultérieurs de l’ouvrage sans se déchirer et sans créer de boursouflures.
Des autorisations pour échafauder
L’échafaudage réalisé dans le cadre du ravalement de façades rentre souvent dans le domaine public local dont il entrave la circulation normale. Une demande d’autorisation doit être préalablement déposée en mairie.
Cette autorisation prend la forme d’une concession de voirie à travers le paiement d’une taxe d’occupation. Dans le cas où les travaux sont confiés à une entreprise, celle-ci va inclure dans son devis la taxe et les frais liés à la pose de l’échafaudage.
Dans tous les cas, l’échafaudage devra répondre à un certain nombre d’exigences :
- Permettre l’accès aux emplacements réservés au gaz, à l’électricité, au téléphone et aux bouches d’égout.
- Limiter autant que possible les entraves à la circulation routière et piétonne.
- Éviter de durer dans le temps.